La semaine passée, trois prises de parole de marques ont eu une forte connotation politique. En pleine « casserolades », IKEA s’est illustrée en postant une photo de sa casserole « IKEA 365+ », vendue à 12,99€ : « A ce prix là, ça peut faire du bruit ». EDF s’est gentiment moqué de la théorie complotiste relayée par maitre Gims, au travers d’une annonce publicitaire qui titrait : « Distributeur officiel des Pharaons depuis -2000 avant J-C ». Carrefour a fait la une du Parisien avec son plan endométriose, et annonce une grande campagne de mobilisation sur le sujet.
Effet troll ? Un bon coup de CM ? Oui, mais pas seulement. En creux, ces initiatives soulignent les trous dans la raquette de l’exécutif. L’opposition à la réforme des retraites est devenue tellement mainstream que des marques de grande conso peuvent, sans risque, prendre parti. Qu’est devenue la « commission Bronner », installée à l’automne 2021 pour lutter contre le complotisme ? Où en est la « stratégie nationale » de lutte contre l’endométriose, annoncée le 11 janvier 2022 par Emmanuel Macron ?
« Ces trois exemples ne font pas qu’accréditer l’idée, désormais communément admise, d’une implication de plus en plus importante des marques commerciales dans les enjeux de la société. Leur concomitance laisse à penser qu’il en va d’autre chose : la crise politique actuelle laisse des angles morts béants dans l’action gouvernementale.
Tandis que la réforme des retraites sature les ondes et monopolise l’attention gouvernementale, la société, elle, ne s’est pas arrêtée pour autant. Complotisme, santé publique, mais aussi écologie, transport, éducation, logement : les sujets de préoccupation ne manquent pas ; la nature ayant horreur du vide, la société se cherche de nouveaux acteurs pour les porter. Dans le dernier Baromètre de la confiance politique, publié par le Cevipof en février dernier, 82 % des interrogés estimaient que les responsables politiques ne s’intéressaient pas à leurs préoccupations. Aux élus, du gouvernement comme de l’opposition, de se reconnecter au plus vite à la société pour ne pas laisser le monde marchand préempter la chose politique à leur insu. Et ainsi remettre les marques engagées à leur juste place : celle d’amplificateurs ou de relais, mais pas d’aiguilleurs politiques »
Ma chronique dans l’Opinion, à retrouver en intégralité.