You are currently viewing «Marine Le Pen ou le syndrome Magneto» – la chronique de Raphaël LLorca

«Marine Le Pen ou le syndrome Magneto» – la chronique de Raphaël LLorca

 Et si c’était le méchant qui avait raison ? Pourquoi n’est-ce pas lui, le héros ? Au nom de quoi s’opposer à ses desseins ? Dans un essai récent, Benjamin Patinaud, vidéaste web spécialiste de la culture populaire, animateur de la chaîne YouTube Bolchegeek (140 000 abonnés), qualifie cette sensation ambiguë de sympathie pour le méchant de « syndrome Magneto », du nom du méchant des X-Men.

Eh bien, c’est très exactement ce que nous avons noté avec Laurence de Nervaux lors de nos derniers focus groups Destin Commun au sujet de Marine Le Pen. En interrogeant la « France modérée », ce qui frappe, c’est leur profonde ambivalence.

D’un côté, leur forte culture anti-extrême droite leur fait exprimer ce que nous pourrions appeler une « facho-anxiété » : le RN, c’est un parti d’extrême droite et c’est « dangereux » (l’adjectif est répété une bonne vingtaine de fois). Matéo, 34 ans, habitant de Billère (Pyrénées-Atlantiques), use d’une métaphore très pop culture, sur laquelle on reviendra : « comme dans les dessins animés, ils trouvent toujours le moyen de semer la zizanie ».

De l’autre, on sent une vraie curiosité, voire une attraction – immédiatement réprouvée, mais ressentie quand même, comme malgré eux. Exemple : lorsqu’on demande d’imaginer que Marine Le Pen est une marque de grande consommation, Nathalie, 47 ans, habitante d’Écully (Rhône), répond… Starbucks : « C’est mauvais pour la santé, c’est cher, ce n’est pas notre culture, il ne faut surtout jamais y aller, mais de temps en temps, on trouve ça bon ».

Bref, le phénomène est suffisamment important pour que j’y consacre ma chronique l’Opinion de cette semaine. Avec un enseignement majeur dans la lutte contre l’extrême-droite :

« Une seule façon de s’en sortir, note Benjamin Patinaud : « Ces vilains doivent être défaits sur le plan moral autant que physique. Le récit exige de son héros qu’il démontre que son antagoniste a tort, sous peine de lui concéder l’adhésion du public ». On retrouve cet enseignement dans nos focus groups : contrairement à ce qu’affirmait Emmanuel Macron lorsqu’il a recadré sa Première ministre au sujet de la filiation entre le RN et le régime de Vichy, la « France modérée » considère que le combat contre l’extrême droite passe d’abord et surtout par un combat moral – contre « la violence », « l’extrémisme », « le racisme » et « la division ». Malgré ce que l’on peut entendre, auprès de cette population modérée, ce sont ces arguments qui fonctionnent pour lutter contre le syndrome Magneto »

Lire la chronique complète sur le site de l’Opinion