La nouvelle devrait faire l’effet d’une bombe : selon les dernières projections publiées par IRI Worldwide, en 2023 le chiffre d’affaires de la bière dans les rayons des hypers détrônerait celui du vin, pour la première fois dans l’histoire.
Il serait tentant de n’y voir qu’un signal faible cantonné à la sphère de la consommation : dans ma chronique l’Opinion de cette semaine, je me suis essayé à en tirer des enseignements politiques plus généraux.
1/ Le passage du terroir à l’ultra-local. Côtes du Rhône, Pays d’Oc, Saumur, Beaujolais… Dans la représentation de l’espace français, les territoires viticoles incarnaient la notion de terroir, un territoire rural à fort caractère. Avec l’explosion des micro-brasseries, bien documentée par Jean-Laurent Cassely et Jérôme Fourquet dans « La France sous nos yeux », chaque coin de rue peut proposer une boisson qui revendique une identité ultra-locale.
2/ Une évolution dans la construction de l’image du personnel politique. Tant que le vin était la boisson alcoolisée préférée des Français, elle fonctionnait, dans l’imaginaire collectif, comme une sorte d’allégorie du peuple français. Les choses bougent dans les représentations : en atteste l’importation made in US du « Beer Test » de la part de CorioLink avec le GROUPE IFOP pendant la dernière présidentielle pour, je cite, « mesurer la convivialité perçue des candidats auprès de leurs électeurs ». A la question » avec quels candidats souhaiteriez-vous boire une bière ? », c’est Jean Lassalle qui se classait à la première position (39% d’envie positive), devançant Emmanuel Macron (37 %), Marine Le Pen (31 %) et Philippe Poutou (25 %).