Si la crise écologique a jusqu’ici constitué un angle mort des discours de l’extrême droite française, elle n’est pas pour autant un impensé idéologique. Plusieurs essais récents se sont intéressés à l’émergence d’un nouveau courant au sein de l’extrême droite : l’écofascisme. J’y ai consacré ma dernière chronique pour l’Opinion
Extraits :
« Alain de Benoist a opéré une conversion écologique très nette ces dernières années. Après avoir longtemps dénoncé les « accents apocalyptiques » et raillé le renouveau de la « culpabilité chrétienne » des discours écologistes, sa revue Eléments fait désormais de l’écologie la matrice intellectuelle qui permet de réaliser la synthèse des mythes et mysticismes réactionnaires.
S’appuyant sur divers courants de pensées, allant du néopaganisme au nordicisme, l’écologie est appréhendée de façon biologique : les cultures européennes, profondément enracinées dans leur environnement, sont considérées comme des ensembles clos, qui ne peuvent se mélanger à des cultures allogènes au risque de disparaître. S’opposer à toute forme d’immigration extra-européenne serait de fait une priorité identitaire et écologique, les deux registres apparaissant désormais comme confondus »
« Par analogie au fascisme, conçu comme une réponse à la crise du capitalisme, l’écofascisme constituerait une réponse réactionnaire à la crise écologique. C’est la raison pour laquelle il faut le prendre au sérieux : comme le souligne la journaliste environnementale Kate Aronoff, « la crise climatique est la fondation sur laquelle se construira la politique du XXIe siècle. La droite xénophobe a commencé à réaliser l’opportunité que cette crise représente pour elle ainsi que l’énorme capital politique qu’elle pourrait tirer de la promesse d’éviter la fin du monde »
Pour aller plus loin, une bibliographie sur le sujet de l’éco-fascisme (livres cités dans la chronique) :
Zetkin Collective, Fascisme fossile. L’extrême droite, l’énergie, le climat. La fabrique, 2020
Antoine Dubiau, Écofascismes, Éditions Grevis, 2022
Pablo Stefanoni, La rébellion est-elle passée à droite ? Dans le laboratoire mondial des contre-cultures néoréactionnaires, La Découverte, 2022