«La force des tubes, c’est qu’ils font danser tout le monde ; d’où leur immense pouvoir fédérateur»
Comment expliquer que, vingt ans après avoir tiré sa révérence, Jean-Jacques Goldman soit encore la « personnalité préférée des Français » ? Son immense succès commercial – 30 millions de disques vendus, 300 chansons composées – n’explique pas tout. Quelque chose chez Goldman entre profondément en résonnance avec la société française et continue de travailler son inconscient politique. Pour comprendre ce phénomène, l’historien Ivan Jablonka lui a consacré un livre de «socio-histoire», sobrement intitulé Goldman (Seuil), au confluent de la biographie, de l’ouvrage de sociologie politique et de l’essai de «pop culture».
Et j’ai décidé d’y dédier ma chronique de rentrée à l’Opinion! Ce qui m’a le plus intéressé dans la réflexion proposée par Jablonka, c’est qu’il couple à Jean-Jacques Goldman une réflexion plus large sur la dimension politique de ce qu’on appelle la pop musique – à savoir, ce genre musical à l’intention des foules, à coups de hits et de tubes. En lieu et place d’une dénonciation de la « musique utilitaire », Jablonka y voit, lui, une vertu politique. « Ses chansons sont démocratiques, écrit-il, parce qu’elles font naître une émotion fédératrice », parvenant à agréger « une communauté de fraternité et de solidarité ». Plus encore qu’un «mythe Goldman», il y aurait même, selon lui, une « nation Goldman ».
Extraits choisis de ma chronique :
« La force des tubes, c’est qu’ils font danser tout le monde ; d’où leur immense pouvoir fédérateur. » Leur simplicité de structure provoque une émotion et une mémorisation instantanées, maximisant le taux de pénétration du message auprès du plus grand nombre. C’est d’ailleurs ce qui fera dire à Michel Berger, autre illustre représentant de la pop musique française, et titulaire d’une maitrise de philosophie à l’Université Paris-Nanterre pour laquelle il a rédigé un mémoire intitulé « Esthétique de la pop musique », que « la chanson a pris la relève de la philosophie », en tant que moyen de réflexion et, surtout, d’expression. « La chanson, qui n’est pas un art mineur dans l’histoire de la musique, a beaucoup de responsabilité dans le XXe siècle » poursuivait-il.
Au final, il existerait une façon très « goldmanienne » (l’auteur ose le néologisme) de « faire-nation », pour reprendre une expression à la mode : non pas tant par les idées, que par la fête. « Si la chanson exprime des idées, possède une dimension littéraire ou poétique, elle vaut surtout pour le lien qu’elle crée entre les êtres » résume Jablonka. D’ailleurs, dans un ultime pied de nez, Goldman intitulera son dernier album … Chansons pour les pieds (2002) »
▶ Chronique à lire en intégralité ici : https://www.lopinion.fr/politique/la-nation-goldman-politique-de-la-pop-musique-la-chronique-de-raphael-llorca
Et selon vous, que représente Goldman dans la société française ?